Comment gérer une situation aussi brutale qu’inattendue que le décès d’un locataire ? Au moment du décès, plusieurs questions se posent au propriétaire : quelles sont les obligations des proches du défunt ? Comment gérer l’extinction du bail ou bien son transfert ? Comment se préserver d’éventuels loyers impayés ? Dans cet article, nous abordons toutes les questions essentielles pour que vous puissiez, en tant que propriétaire bailleur, gérer au mieux ce contexte délicat.
L’essentiel à retenir :
- Si le locataire vivait seul, le bail est résilié automatiquement à la date du décès. S’il vivait en couple, le bail est transféré au conjoint, partenaire de PACS ou concubin (sous conditions), ainsi qu’aux ascendants/descendants, lorsqu’ils cohabitaient depuis au moins un an.
- Les héritiers doivent informer le propriétaire en envoyant l’acte de décès par courrier recommandé. Ils devront payer une indemnité d’occupation équivalente au loyer tant que les biens restent dans le logement.
- La caution est restituée aux héritiers après l’état des lieux, déduction faite des dégradations ou dettes.
- Si le défunt n’a pas d’héritiers, le propriétaire doit saisir le tribunal : un huissier fait l’inventaire des biens et autorise ensuite la récupération du logement.
1) Obligations des proches du défunt : locataire seul ou en couple
Défunt vivant seul dans votre logement
Si le défunt occupait seul le logement loué, sa famille doit vous informer rapidement du décès et vous transmettre un acte officiel. En pratique, les proches vous préviennent par téléphone avant l’envoi du document officiel. Le bail est automatiquement résilié à la date du décès, sans préavis ni formalités particulières. C’est la date de la disparition qui fait acte et résilie le bail de plein droit.
Tous les membres de la famille, y compris les grands-parents ou petits-enfants, peuvent prendre en charge ces démarches administratives. Pendant la période nécessaire pour vider le logement (généralement 1 à 2 mois), les héritiers doivent payer une indemnité d’occupation équivalente au loyer. Une fois le logement vidé, un état des lieux de sortie est réalisé. La caution est alors rendue aux héritiers si aucun dégât n’a été constaté.
Transfert du bail : conjoint, concubin notoire et descendants
Si le locataire décédé partageait le logement avec son conjoint marié ou pacsé, le bail est transféré de plein droit à ce dernier. En effet, depuis la loi ALUR du 24 mars 2014, les partenaires de PACS bénéficient du même droit au bail qu’un couple marié. Le droit au bail est réputé appartenir à l’un ou l’autre.
L’époux survivant n’a pas besoin de justifier d’une durée minimale de vie commune pour bénéficier de ce transfert automatique. Si les partenaires ont conclu un PACS en cours de bail et qu’un seul est titulaire du contrat de location, ils doivent faire une demande conjointe auprès du propriétaire pour être tous deux cotitulaires du bail.
Le concubin notoire bénéficie également d’un droit de transfert du bail, à condition de justifier d’une vie commune d’au moins une année. L’article 14 de la loi du 6 juillet 1989 étend ce droit aux ascendants, descendants (y compris petits-enfants) et personnes à charge, sous réserve d’une cohabitation d’au moins un an avec le défunt.
Avis de réception : informer le bailleur dans les règles
Pour informer correctement le propriétaire du décès, les proches doivent respecter une procédure formelle, même si la loi ne fixe pas de délai précis :
| Document requis | Justificatif à fournir | Délai recommandé |
|---|---|---|
| Acte de décès | Original ou copie certifiée | Dès que possible |
| Justificatif de lien familial | Livret de famille, acte de naissance | Avec l’avis de décès |
| Demande de transfert (si applicable) | Preuve de cohabitation d’un an | Dans les 30 jours |
Attention : l’envoi d’un courrier recommandé avec accusé de réception est indispensable, même après un premier contact téléphonique avec le propriétaire. Ce document officiel permet de dater précisément l’information et constitue une preuve légale. Si plusieurs personnes sollicitent le transfert, c’est au juge d’instance qu’il reviendra de désigner le bénéficiaire.

2) Résiliation ou transfert de bail en cas de décès du locataire : vide vs meublé
Le décès d’un locataire entraîne des conséquences juridiques différentes selon que votre bien est loué vide ou meublé. Dans le cadre de votre gestion locative, il est essentiel de connaître les règles spécifiques applicables pour gérer correctement cette situation.
| Type de location | Conséquences du décès | Base légale |
|---|---|---|
| Location vide | Le bail est résilié de plein droit à la date du décès (si le locataire vivait seul) | Loi du 6 juillet 1989 |
| Location meublée | Le bail n’est pas résilié et est automatiquement transféré aux héritiers | Article 1742 du Code civil |
Attention : effectuer le transfert du bail vers un ayant droit ne transfère pas automatiquement les dettes de loyer et de charges du locataire décédé au nouveau locataire. Les impayés relèveront de l’actif successoral et devront être réglés dans le cadre de la succession.
3) Indemnité d’occupation, dépôt de garantie et loyers impayés
Indemnité d’occupation : montant et durée
Après le décès du locataire en place, bien que le bail soit résilié à cette date, le logement reste occupé car il n’a pas encore été vidé de ses effets personnels. Les proches du défunt ont donc l’obligation de payer une indemnité d’occupation au propriétaire, correspondant au montant du loyer, pour la période pendant laquelle ils prennent le temps de trier et de déménager les affaires présentes dans l’appartement ou la maison. Cette période s’étend généralement sur un à deux mois, délai considéré comme raisonnable pour libérer les lieux.
Faut-il payer 3 mois de loyer après un décès ?
Contrairement à une idée reçue, il n’existe pas d’obligation légale de payer forfaitairement 3 mois de loyer après le décès d’un locataire. L’indemnité d’occupation est strictement calculée sur la période effective durant laquelle les biens du défunt occupent encore le logement. Cette indemnité court du moment du décès jusqu’à la remise des clés, après que les lieux aient été entièrement vidés. Les héritiers ont donc tout intérêt à ne pas laisser traîner le déménagement pour limiter ces frais qui viennent s’ajouter au passif successoral.
Dépôt de garantie
Qui récupère la caution en cas de décès ?
Le dépôt de garantie devra être restitué aux héritiers ou aux ayants droit du locataire décédé. Pour ce faire, ces derniers devront communiquer leurs noms et coordonnées bancaires (RIB) au propriétaire afin de recevoir le remboursement. Toutefois, son montant peut évoluer conformément à la législation en vigueur.
Vous pourrez ainsi déduire d’éventuelles dettes locatives, des frais de remise en état du logement ou le coût de réparation des dégradations constatées lors de l’état des lieux de sortie avant de procéder au remboursement.
Loyers impayés : Qui doit payer le loyer en cas de décès du locataire ?
Que votre bien soit LMNP ou vide, les ayants droit à la succession ont à leur charge les loyers non payés au moment du décès ; ces sommes viendront s’ajouter au passif de la succession (au prorata de la quote-part de chacun des héritiers). Par exemple, si le défunt laisse trois petits-enfants comme héritiers, chacun sera solidairement responsable du tiers des loyers impayés, même si l’un d’eux se charge seul des démarches administratives liées à la succession.
Nous vous recommandons de solliciter l’expertise d’un avocat ou d’un notaire qui sera à même de vous fournir des conseils juridiques adaptés à votre situation.
4) Récupération du logement et biens (meubles) du locataire décédé
Si votre locataire est décédé sans héritier ou sans proche vivant avec lui, le bail est résilié de plein droit à la date du décès. Toutefois, en tant que propriétaire, vous ne pouvez pas reprendre immédiatement possession du logement ni vider les lieux vous-même sans suivre une procédure officielle.
Biens sans valeur : comment les évaluer ?
Pour déterminer si les biens meubles laissés par le défunt ont une valeur, sachez que la loi prévoit un forfait minimal de 5 % de la valeur des autres biens de la succession. Cette évaluation forfaitaire sert de base pour estimer les meubles meublants en l’absence d’inventaire détaillé. Si vous suspectez que certains objets ont une valeur particulière (tableaux, antiquités, bijoux), il est préférable de faire appel à un expert pour une évaluation précise avant toute procédure.
Vous devez déposer une requête auprès du tribunal judiciaire du lieu où se trouve votre bien. Le tribunal désignera alors un huissier de justice qui procédera à l’inventaire des biens du défunt.
Deux situations peuvent se présenter :
- Si les meubles n’ont aucune valeur, l’huissier dressera un procès-verbal de carence et vous pourrez récupérer pleinement votre logement.
- Si l’huissier recense des biens de valeur, ceux-ci pourront être placés dans un garde-meuble ou réservés dans une partie du logement.
Les frais liés à cette procédure incombent initialement au propriétaire, mais sont récupérables via la vente des biens de valeur dont vous avez involontairement hérité. En cas de succession déficitaire, vous risquez cependant de ne pas être remboursé de ces avances.
Attention : cette procédure de récupération peut prendre entre 4 et 6 mois. Veillez à informer le curateur désigné par le tribunal de toutes vos démarches. Si le logement était une résidence secondaire du défunt, notez qu’aucun transfert de bail n’est possible, contrairement aux résidences principales.
>> Vous vous posez également la question de la situation inverse, celle du décès du propriétaire LMNP ? Voir notre article dédié à la fiscalité de l’assurance emprunteur en LMNP.
5) Délai pour vider une maison ou un appartement après un décès du locataire
Délai raisonnable : combien de mois pour restituer les clés ?
Bien que la loi française ne fixe aucun délai légal spécifique pour vider un logement après le décès d’un locataire, un délai raisonnable de 1 à 2 mois est généralement accordé aux héritiers. Cette période s’applique aussi bien pour un appartement que pour une maison, permettant aux membres de la famille de trier, emballer et déménager les effets personnels du défunt dans des conditions respectueuses.
Quel préavis en cas de décès du locataire ?
Contrairement aux résiliations classiques, aucun délai de préavis n’est requis après le décès d’un locataire vivant seul. Cependant, pendant la période où le logement reste occupé par les effets personnels du défunt, les héritiers sont tenus de verser une indemnité d’occupation équivalente au montant du loyer.
Cette obligation court jusqu’à la remise des clés et l’établissement d’un état des lieux de sortie. Les jours suivant le décès sont donc comptabilisés non pas comme une période de préavis, mais comme une période d’occupation temporaire nécessaire à la libération du logement. Pour une gestion locative efficace, le propriétaire peut proposer un calendrier précis avec les héritiers, facilitant ainsi la coordination et limitant les frais pour toutes les parties concernées.

Pour votre activité de loueur en meublé, vous aimeriez vous appuyer sur un cabinet d’expertise comptable ? Démarches administratives, suivi de la comptabilité, réponses à vos questions de propriétaire bailleur : Amarris Immo vous assure une gestion sereine de votre bien. Parlez-en à un conseiller spécialiste de la comptabilité immobilière !
#FoireAuxQuestions
FAQ décès d’un locataire : vos questions fréquentes
Comment résilier un bail en cas de décès ?
Le bail se résilie de plein droit à la date du décès du locataire. Il est d’usage de recevoir de la part des proches un courrier avec accusé de réception signifiant la disparition (avec acte de décès).
Si un héritier ou ayant droit demande un transfert de bail, celui-ci se poursuit. Dans le cas contraire, une fois les effets personnels retirés selon la procédure légale et après constatation d’éventuelles dégradations lors de l’état des lieux, vous pourrez remettre votre logement en location.
Lettre de transfert de bail suite à un décès : que doit-elle contenir ?
La lettre doit mentionner la date du décès, vos liens avec le défunt et votre demande explicite de transfert. Envoyez-la en recommandé avec avis de réception au propriétaire, en joignant l’acte de décès et les justificatifs prouvant votre lien familial. Pour les grands-parents ou autres ascendants, il faudra également prouver une cohabitation d’au moins un an avec le défunt. C’est le juge qui tranchera en cas de demandes multiples.
Locataire décédé et refus de succession : quelles conséquences pour le propriétaire ?
Lorsque tous les héritiers refusent la succession, vous ne pouvez ni pénétrer dans le logement, ni vider les lieux, ni changer les serrures sans autorisation judiciaire. Vous devez saisir le tribunal judiciaire pour faire désigner un curateur à la succession vacante. Le service des Domaines sera alors chargé de gérer les biens du défunt, de régler les dettes dans la limite des actifs disponibles et de vous restituer le logement une fois la procédure terminée.
Assurance habitation et décès du locataire : que faut-il vérifier ?
Vérifiez la date d’expiration du contrat et informez l’assureur du décès. Les héritiers doivent maintenir l’assurance jusqu’à la restitution des clés. Cette obligation persiste même pendant la période d’indemnité d’occupation, car le logement contient encore des biens à protéger. En cas de transfert de bail, le nouveau locataire devra souscrire sa propre assurance ou demander un avenant au contrat existant.
Occupation du logement du défunt par un héritier : est-ce légal ?
Oui, c’est légal pendant la période nécessaire pour vider le logement, mais l’héritier doit payer une indemnité d’occupation équivalente au loyer. Si plusieurs héritiers souhaitent occuper le logement, le propriétaire peut exiger un nouveau contrat ou demander l’arbitrage du juge pour déterminer le nouveau locataire. Cette occupation temporaire ne constitue pas un droit au bail en l’absence de demande formelle de transfert.

